Hier, la diffusion d’une « fake news » en Allemagne annonçant la fin de la coalition d’Angela Merkel, qui fait face à une crise gouvernementale, a semé un début de panique en Europe. Cette information a été véhiculée par un faux compte Twitter d’une chaine publique allemande, et s’est propagée comme une trainée de poudre via les réseaux sociaux et des sites de médias pourtant réputés. Dans la même semaine, l’Assemblée Nationale française travaille sur une loi pour donner un cadre à la manipulation de l’information en période électorale.
Les fake-news sont partout, elles pullulent et il ne se passe pas un jour sans qu’une annonce transite sur les réseaux et lance une information erronée. Mais que sont les fake news ? et à l’heure où l’information nous inonde, comment les enrayer ?
Les fake news sont des informations délibérément fausses ou truquées (fake veut dire en anglais «faux, truqué») émanant d’un ou plusieurs individus (par le biais de médias non institutionnels, tels les blogs ou les réseaux sociaux, de médias, ou de structures gouvernementales (comme les autorités ukrainiennes, en mai 2018).
Leur but est la désinformation pour manipuler l’opinion publique, nuire à une personne, influencer ou induire en erreur dans le but d’obtenir un avantage financier ou politique.
Beaucoup de fake-news partent de bribes d’informations qui sont en soi parfaitement réelles, mais sont ensuite déformées pour en changer le sens : détournement de vieilles vidéos tournées dans un autre contexte, citation de statistiques qui n’existent pas, images retouchées pour en dénaturer le sens, tout est aujourd’hui possible et rapide avec les logiciels en ligne.
Ce phénomène n’est pas nouveau, le complotisme a toujours existé. Et en 1849, une loi avait déjà été votée en France pour punir «la publication ou la reproduction faite de mauvaise foi de nouvelles fausses de nature à troubler la paix». Mais de nos jours, à cause de l’essor des moyens de communication, sa croissance est exponentielle et ses impacts sont planétaires.
Les fake news circulent six fois plus rapidement sur Internet que les vraies informations. L’écart est encore plus marqué pour les messages sur la politique que pour ceux relatifs au terrorisme, aux catastrophes naturelles, aux sciences, aux légendes urbaines ou aux nouvelles financières. Cette propension à diffuser de fausses informations provient du caractère de nouveauté de ces informations et de leur capacité à surprendre davantage les lecteurs que les vraies informations.
La lutte contre les fake news provoque des oppositions, car elle a trait à la liberté de la presse, et du droit à chacun à communiquer. Le fait que les rédacteurs soient souvent anonymes rend de plus difficile la poursuite des sources pour calomnie.
Les GAFAM ont tous lancé leur programme (marketing ou pas ?) de lutte contre ce fléau. Facebook, accusé de favoriser la propagation de fausses rumeurs, a annoncé vouloir financer des programmes d’informations sur sa plateforme Watch, espace réservé à l’information précise et de qualité. Fin février, Twitter a publié de nouvelles règles censées limiter l’influence des «bots» (les robots qui nous relaient l’information) dans le fonctionnement du réseau social pour enrayer les publications erronées sans contrôle.
En attendant, voici quelques règles de base pour reconnaitre une fake-news :
- apprenez à repérer les signes d’un article faux : un titre annonçant un contenu scandaleux ? des photos très crues? Ces éléments peuvent vous aider à reconnaître les sites qui souhaitent vous attirer vers eux.
- recoupez toujours les informations par différentes sources.
- cherchez la source de l’actualité : est-ce un site parodique ? Un site de divertissement ? Un site d’info ? prêtez attention aux URL (si ABC.com est le site du média américain reconnu, ABC.com.co est un site parodique).
- allez vérifier la fiabilité du site sur Checknews, le site qui répond à vos questions, Décodex, le moteur de recherche du journal Le Monde qui évalue la fiabilité d’un site, Hoaxbuster, un site qui lutte contre les rumeurs…
- copiez l’image ou son adresse URL en faisant un clic droit de la souris, et lancez une recherche inversée sur Google Images pour connaître son origine. On peut également utiliser un moteur de recherche comme Tineye ou le site FotoForensics pour savoir si un cliché a été retouché par un logiciel.
En bref, si vous ne connaissez pas la source de l’actualité et que vous ne trouvez pas d’informations sur qui est derrière le site, méfiez-vous…